Quand l'information de proximité se conjugue en 5 chiffres
A Saint-Laurent du Maroni, l’information de proximité a fait un bond en avant avec un site désormais incontournable: le 97320.com. Sa réputation a dépassé la Guyane. Les Guyanais de la diaspora le consultent régulièrement. Et ce modèle peut aujourd’hui servir d’exemple dans les contrées les plus isolées. Ses collaborateurs ont tous un métier et c’est à titre gracieux qu’ils interviennent. AMINA a rencontré la rédactrice en chef, Claudia Charley.
Qui êtes-vous ? Ce site est-il votre gagne- pain ?
Je suis Claudia Charley, j’ai 36 ans et suis mère de deux garçons. Je suis guyanaise originaire de Saint-Laurent du Maroni. Avec mon collègue, nous travaillons sur le site 97320.com de façon tout à fait bénévole. Je suis professeur d’espagnol au collège Eugénie Tell Eboué de Saint-Laurent, où j’ai d’ailleurs effectué toute ma scolarité jusqu’en classe de 1ère. Après des études de langues à Bordeaux, je suis revenue travailler ici en 1992.
Quelle est la ligne éditoriale de votre site, et racontez-nous comment est née son idée initiale ?
Je suis arrivée sur le site il y a maintenant trois ans, afin d’aider Eric Léon à développer le 97320.com qui existait déjà, mais plus sous forme de page perso, un peu une vitrine photographique de la commune. Notre collaboration se révélant productive, nous en sommes venus à vouloir orienter le site vers l’information, à vouloir en faire une sorte de petit journal en ligne: nous voulions qu’il devienne une référence, un véritable site de proximité que s’approprieraient tous les saint-laurentains, qu’ils vivent dans la commune, dans le département ou ailleurs dans le monde. Nous avions l’objectif d’être un relais, comblant ainsi un vide, car il n’existait jusqu’alors aucun média se consacrant exclusivement à Saint-Laurent et sa région.
A Saint-Laurent du Maroni, l’information de proximité a fait un bond en avant avec un site désormais incontournable: le 97320.com. Sa réputation a dépassé la Guyane. Les Guyanais de la diaspora le consultent régulièrement. Et ce modèle peut aujourd’hui servir d’exemple dans les contrées les plus isolées. Ses collaborateurs ont tous un métier et c’est à titre gracieux qu’ils interviennent. AMINA a rencontré la rédactrice en chef, Claudia Charley.
Qui êtes-vous ? Ce site est-il votre gagne- pain ?
Je suis Claudia Charley, j’ai 36 ans et suis mère de deux garçons. Je suis guyanaise originaire de Saint-Laurent du Maroni. Avec mon collègue, nous travaillons sur le site 97320.com de façon tout à fait bénévole. Je suis professeur d’espagnol au collège Eugénie Tell Eboué de Saint-Laurent, où j’ai d’ailleurs effectué toute ma scolarité jusqu’en classe de 1ère. Après des études de langues à Bordeaux, je suis revenue travailler ici en 1992.
Quelle est la ligne éditoriale de votre site, et racontez-nous comment est née son idée initiale ?
Je suis arrivée sur le site il y a maintenant trois ans, afin d’aider Eric Léon à développer le 97320.com qui existait déjà, mais plus sous forme de page perso, un peu une vitrine photographique de la commune. Notre collaboration se révélant productive, nous en sommes venus à vouloir orienter le site vers l’information, à vouloir en faire une sorte de petit journal en ligne: nous voulions qu’il devienne une référence, un véritable site de proximité que s’approprieraient tous les saint-laurentains, qu’ils vivent dans la commune, dans le département ou ailleurs dans le monde. Nous avions l’objectif d’être un relais, comblant ainsi un vide, car il n’existait jusqu’alors aucun média se consacrant exclusivement à Saint-Laurent et sa région.
Avec Kedjy pendant le Méga Mouv' de l'ouest
C’est un site de presse en ligne. Comment se distribuent les différentes activités en terme de complémentarité, de priorité, de rentabilité. Quels sont les objectifs assignés au site ?
Ayant tous les deux un emploi, nous travaillons sur le site pendant notre temps libre, ce qui rend parfois difficile la couverture de tous les évènements qui se produisent dans la région.
Chaque semaine, le mercredi, nous faisons un point sur les sujets qui paraîtront le mardi suivant, car notre site est mis à jour de façon hebdomadaire, tous les mardis matins. De par mon métier, je suis assez peu disponible pour aller sur le terrain ; nous travaillons donc ensemble à la façon de traiter chaque sujet, mon collègue se charge le plus souvent du travail sur le terrain et je me consacre ensuite à la rédaction des articles. C’est le plus souvent notre façon de travailler qui jusque-là fonctionne plutôt bien. Assez paradoxalement, nous sommes en contact presque tous les jours de la semaine, mais uniquement par téléphone ou via le net, avec Skype ou par chat, et ne nous voyons que très rarement.
Quelle est la part du militantisme dans votre affaire ? Où est son intérêt ? Dans son indépendance ?
Notre objectif, avec le 97320.com, est d’offrir aux citoyens un moyen de se tenir informés de ce qui se passe dans la commune et aussi de s’exprimer le plus librement possible, quelles que soient leurs opinions. En plus de nos propres articles, sur le site paraissent également ceux que nous recevons: il peut s’agir d’informations émanant des administrations, des associations ou d’articles écrits par des particuliers. Notre site se veut apolitique, et nous évitons, dans la mesure du possible, de laisser nos propres sensibilités politiques influer sur notre gestion. Cette ligne directrice nous permet de préserver l’indépendance du site.
Ayant tous les deux un emploi, nous travaillons sur le site pendant notre temps libre, ce qui rend parfois difficile la couverture de tous les évènements qui se produisent dans la région.
Chaque semaine, le mercredi, nous faisons un point sur les sujets qui paraîtront le mardi suivant, car notre site est mis à jour de façon hebdomadaire, tous les mardis matins. De par mon métier, je suis assez peu disponible pour aller sur le terrain ; nous travaillons donc ensemble à la façon de traiter chaque sujet, mon collègue se charge le plus souvent du travail sur le terrain et je me consacre ensuite à la rédaction des articles. C’est le plus souvent notre façon de travailler qui jusque-là fonctionne plutôt bien. Assez paradoxalement, nous sommes en contact presque tous les jours de la semaine, mais uniquement par téléphone ou via le net, avec Skype ou par chat, et ne nous voyons que très rarement.
Quelle est la part du militantisme dans votre affaire ? Où est son intérêt ? Dans son indépendance ?
Notre objectif, avec le 97320.com, est d’offrir aux citoyens un moyen de se tenir informés de ce qui se passe dans la commune et aussi de s’exprimer le plus librement possible, quelles que soient leurs opinions. En plus de nos propres articles, sur le site paraissent également ceux que nous recevons: il peut s’agir d’informations émanant des administrations, des associations ou d’articles écrits par des particuliers. Notre site se veut apolitique, et nous évitons, dans la mesure du possible, de laisser nos propres sensibilités politiques influer sur notre gestion. Cette ligne directrice nous permet de préserver l’indépendance du site.
Tchat de Léon Bertrand avec les internautes du 97320.com lorsde la fête patronale
Comment en pratique vivez-vous ?
Mon travail d’enseignante me prend pas mal de temps et beaucoup d’énergie, tout comme ma famille (mes fils ont 4 et 13 ans). Le temps qui me reste est consacré pour l’essentiel au 97320.com ; j’ai donc des semaines bien remplies !
Le plus gros jour de travail est le lundi, car je travaille souvent toute la nuit pour préparer la mise à jour du mardi matin. Il est vrai qu’à côté de tout cela, il me reste très peu de temps pour faire autre chose et j’ai dû délaisser peu à peu mes autres activités. Le travail sur le site est un travail à plein temps qui demande un investissement total, mais je m’accorde tout de même une ou deux semaines de vacances pendant l’année et surtout deux mois pleins pendant l’été.
Quelle est son influence? A Saint-Laurent , au-delà en Guyane et à l’extérieur ?
Je suis aujourd’hui très fière de ce qu’est devenu le site en l’espace de quelques années. Nous avons largement atteint l’objectif que nous nous étions fixé : devenir un véritable site de proximité consulté régulièrement par les saint-laurentains d’ici et d’ailleurs, et également énormément par des gens qui ne sont pas de la commune mais qui l’apprécient pour toutes les infos qu’ils peuvent y trouver, et peut-être aussi pour notre façon objective de traiter l’information.
Que savez- vous de votre lectorat ?
Nos visiteurs se trouvent un peu partout dans le monde, aussi bien en France ou en Europe, au Canada, en Afrique, que dans notre département. Nous avons réussi à multiplier par vingt- cinq le nombre d’internautes visitant le site chaque mois : ils sont aujourd’hui entre 27 000 et 31 000 chaque mois. Nous sommes parvenus à fidéliser notre lectorat qui vient chaque mardi matin ”aux nouvelles”... Le 97320.com est maintenant considéré comme un média à part entière dans la région de l’ouest guyanais, ce qui était notre objectif de départ.
Mon travail d’enseignante me prend pas mal de temps et beaucoup d’énergie, tout comme ma famille (mes fils ont 4 et 13 ans). Le temps qui me reste est consacré pour l’essentiel au 97320.com ; j’ai donc des semaines bien remplies !
Le plus gros jour de travail est le lundi, car je travaille souvent toute la nuit pour préparer la mise à jour du mardi matin. Il est vrai qu’à côté de tout cela, il me reste très peu de temps pour faire autre chose et j’ai dû délaisser peu à peu mes autres activités. Le travail sur le site est un travail à plein temps qui demande un investissement total, mais je m’accorde tout de même une ou deux semaines de vacances pendant l’année et surtout deux mois pleins pendant l’été.
Quelle est son influence? A Saint-Laurent , au-delà en Guyane et à l’extérieur ?
Je suis aujourd’hui très fière de ce qu’est devenu le site en l’espace de quelques années. Nous avons largement atteint l’objectif que nous nous étions fixé : devenir un véritable site de proximité consulté régulièrement par les saint-laurentains d’ici et d’ailleurs, et également énormément par des gens qui ne sont pas de la commune mais qui l’apprécient pour toutes les infos qu’ils peuvent y trouver, et peut-être aussi pour notre façon objective de traiter l’information.
Que savez- vous de votre lectorat ?
Nos visiteurs se trouvent un peu partout dans le monde, aussi bien en France ou en Europe, au Canada, en Afrique, que dans notre département. Nous avons réussi à multiplier par vingt- cinq le nombre d’internautes visitant le site chaque mois : ils sont aujourd’hui entre 27 000 et 31 000 chaque mois. Nous sommes parvenus à fidéliser notre lectorat qui vient chaque mardi matin ”aux nouvelles”... Le 97320.com est maintenant considéré comme un média à part entière dans la région de l’ouest guyanais, ce qui était notre objectif de départ.
L’article, le scoop, le reportage dont vous êtes le plus fier ?
Le 97320.com étant un hebdomadaire, il est assez rare que nous bénéficiions de scoops, pourtant il nous est arrivé de traiter de sujets avant RFO, principal média du département, et les autres médias. C’est par exemple le cas de la photo prise à 4 heures du matin du ministre du Tourisme, qui est aussi maire de Saint-Laurent, le pantalon retroussé et les pieds dans l’eau en plein milieu d’une inondation dans une cité de la commune. Je suis également satisfaite lorsqu’un reportage sur une association ou une personne permet à ces dernières de se faire connaître, d’avancer dans leur domaine ou crée des vocations.
Avez-vous permis l’émergence de personnalités exceptionnelles ?
Nous avons surtout pu mettre en valeur le travail fait dans l’ombre par de nombreuses personnes. C’est le propos de notre rubrique “Interview“ que nous consacrons à des personnes, connues ou pas, dont nous estimons qu’elles ont quelque chose à dire, qu’elles peuvent être un exemple, de par leur passion, leur dévouement ou encore leur talent. Je crois qu’il est important de valoriser les gens lorsqu’ils le méritent, et la popularité du site vient également du fait qu’il donne la parole à monsieur tout le monde, pour peu qu’il ait quelque chose à dire ou à montrer. Nous vivons actuellement dans une société très individualiste, on ne prend plus le temps de s’intéresser aux autres, alors que nous avons beaucoup à gagner à communiquer avec les autres, à vivre ensemble. Je vous dirai donc que pour moi, tout individu est exceptionnel, dans la mesure où on prend le temps et le plaisir de l’écouter.
Ce modèle de proximité est il exportable ? Comment voyez-vous son développement à l’international ?
Je pense qu’un site tel que le 97320.com peut exister partout ailleurs dans des villes pas trop importantes, ou au niveau des quartiers dans les grandes agglomérations. Le succès de notre site vient du fait que St-Laurent est une petite ville où tout le monde se connaît plus ou moins; nos galeries photos des évènements qui ont lieu dans la région sont très visitées car on a toujours une chance de s’y voir ou d’y apercevoir un ami ou un membre de sa famille. Le côté international d’Internet donne à un site web une dimension autre que celle d’un journal local papier qui n’aurait pas la même portée. Je crois que l’idée de notre site reprise avec un fonctionnement plus “normal“, c’est-à-dire une équipe plus nombreuse et une source de financement régulière (peut-être avec la publicité), offrirait des opportunités de développement et de rayonnement extraordinaires, mais malheureusement peut-être aux dépens de la spontanéité et de la proximité avec les gens qui nous caractérisent.
Entretien : Jean-Jacques Seymour
Le 97320.com étant un hebdomadaire, il est assez rare que nous bénéficiions de scoops, pourtant il nous est arrivé de traiter de sujets avant RFO, principal média du département, et les autres médias. C’est par exemple le cas de la photo prise à 4 heures du matin du ministre du Tourisme, qui est aussi maire de Saint-Laurent, le pantalon retroussé et les pieds dans l’eau en plein milieu d’une inondation dans une cité de la commune. Je suis également satisfaite lorsqu’un reportage sur une association ou une personne permet à ces dernières de se faire connaître, d’avancer dans leur domaine ou crée des vocations.
Avez-vous permis l’émergence de personnalités exceptionnelles ?
Nous avons surtout pu mettre en valeur le travail fait dans l’ombre par de nombreuses personnes. C’est le propos de notre rubrique “Interview“ que nous consacrons à des personnes, connues ou pas, dont nous estimons qu’elles ont quelque chose à dire, qu’elles peuvent être un exemple, de par leur passion, leur dévouement ou encore leur talent. Je crois qu’il est important de valoriser les gens lorsqu’ils le méritent, et la popularité du site vient également du fait qu’il donne la parole à monsieur tout le monde, pour peu qu’il ait quelque chose à dire ou à montrer. Nous vivons actuellement dans une société très individualiste, on ne prend plus le temps de s’intéresser aux autres, alors que nous avons beaucoup à gagner à communiquer avec les autres, à vivre ensemble. Je vous dirai donc que pour moi, tout individu est exceptionnel, dans la mesure où on prend le temps et le plaisir de l’écouter.
Ce modèle de proximité est il exportable ? Comment voyez-vous son développement à l’international ?
Je pense qu’un site tel que le 97320.com peut exister partout ailleurs dans des villes pas trop importantes, ou au niveau des quartiers dans les grandes agglomérations. Le succès de notre site vient du fait que St-Laurent est une petite ville où tout le monde se connaît plus ou moins; nos galeries photos des évènements qui ont lieu dans la région sont très visitées car on a toujours une chance de s’y voir ou d’y apercevoir un ami ou un membre de sa famille. Le côté international d’Internet donne à un site web une dimension autre que celle d’un journal local papier qui n’aurait pas la même portée. Je crois que l’idée de notre site reprise avec un fonctionnement plus “normal“, c’est-à-dire une équipe plus nombreuse et une source de financement régulière (peut-être avec la publicité), offrirait des opportunités de développement et de rayonnement extraordinaires, mais malheureusement peut-être aux dépens de la spontanéité et de la proximité avec les gens qui nous caractérisent.
Entretien : Jean-Jacques Seymour