Je suis Marie-Thérèse Desmangles, née en 1946, mère de 5 enfants.
J’ai perdu l’une de mes filles cela fait maintenant 5 ans.
Je suis directrice de l’Ecole Municipale de Musique et de Danse depuis 1992.
J’ai été directrice du centre d’action sociale, je suis également passée par l’Etat Civil que j’ai dirigé pendant 3 ans.
En quoi consiste la fonction de directrice de l’Ecole de Musique ?
Je dois gérer les activités de l’école, les enseignants et le personnel.
Je prends pratiquement toutes les décisions. Pour certaines, j’en réfère au Maire qui est mon patron, bien sûr. En général, il me laisse le champs libre pour la gestion de l’établissement.
Vous avez vu la naissance de cette structure, comment cela s’est-il passé ?
Au départ, c’était juste une idée. J’en avais discuté avec le directeur de l’école de Cayenne, Mr Long Hi Nam. J’ai présenté le projet au Maire, qui a donné son agrément.
Les enseignants de Cayenne venaient 2 fois par semaine dispenser les cours.
Nous avons pu recruter par la suite le personnel sur place et la direction avait été confiée à Mr Devillier.
C’était une association, l’école elle-même a été créée en 1989.
Et, en 1992, Mr Devillier étant parti, le Maire m’a proposé ce poste, connaissant ma passion pour la musique, le chant et les diverses actions que j’avais menées en Métropole et aux Antilles.
Tout d’abord, le piano, car il y a une forte demande. Et la formation musicale, bien sûr, puisque l’un ne va pas sans l’autre.
Il y a également les cours de guitare, d’instruments à vent (saxophone, trompette, trombone), le chant et la danse.
Ce n’est qu’en 1992 que les cours de danse ont commencé avec Karène Lemorin.
Cette année, il y a une nette augmentation dans la fréquentation des cours de guitare.
Et, il ne faut pas oublier la percussion.
L’année dernière, vous avez célébré l’abolition de l’esclavage, que préparez-vous pour cette année ?
Pour cette année, je répondrais franchement, je n’y ai pas encore réfléchi. Je n’ai pas demandé d’aide. Il faut dire que lorsque le Maire est absent, il est assez difficile de faire remonter les dossiers.
C’est vrai, nous avons eu une belle manifestation l’année dernière, mais on ne peut pas imaginer toutes les difficultés que l’on a à surmonter.
Il faut de l’argent pour faire venir des artistes du Sénégal et du Surinam, et pour obtenir cette aide, que de difficultés ! Il faut pouvoir gérer tout ça !
La chorale ! C’est ma vie ! Ma passion ! C’est mon bébé !
Cette chorale date de 1992.
Notre première prestation a été l’animation d’une messe en juillet 1992.
C’était d’abord une association où l’on discutait des problèmes de la vie de tous les jours, comme l’apartheid, la vie de famille et aussi de la Bible.
Maintenant, c’est le chant qui domine.
Et, je chante ! Tant que le Seigneur me donnera la possibilité de le faire, je continuerais.
Avez-vous toujours eu cet amour pour la musique et le chant ?
A l’école, je remportais toujours le premier prix en chant. (rires !)
Avez-vous suivi un enseignement ou êtes-vous une autodidacte dans ce domaine ?
Je suis autodidacte. Dans les années 90, j’ai eu la chance d’obtenir des aides de la Région qui m’ont permis de suivre des stages et d’autres formations à l’extérieur qui m’ont beaucoup apporté.
Le plus beau, professionnellement, c’est d’avoir obtenu la direction de l’Ecole de musique. Je me suis retrouvée avec tous les éléments qui font ma passion.
J’ai beaucoup aimé le social, car je pense être une femme passionnée. Et, même à travers le chant, je continue à en faire. J’aime aider.
Mais, je me suis épanouie dans la musique.
Pour l’associatif, c’est ce voyage que nous avons fait au Sénégal, il y a 2 ans avec les enfants des écoles.
Parlez-nous de votre histoire avec l’Afrique
Avec l’Afrique, c’est une histoire d’amour !
C’est un continent que vous semblez aimer particulièrement, pouvez-vous nous expliquer cet attachement ?
J’avais des amis que j’avais connus à St-Jean, Eugénie, mon amie Nini, et son mari qui était militaire de carrière. Il a été affecté en Afrique et elle me disait tout le temps de venir les voir, de profiter de leur séjour là-bas et que cela me permettrait de découvrir le pays et les gens. Au bout de 5 ans ( j’ai quand même mis 5 ans avant de partir parce qu’en fait c’était leur dernière année), je me suis décidée et avec mon mari, nous sommes partis en Afrique. En arrivant à Orly, je rencontre une africaine, qui comme beaucoup d’africains qui sortent de Paris pour rentrer chez eux, était superbement surchargée. Comme je partais avec mon époux et ma fille Line, on avait très peu de choses puisque je savais que mon amie Nini, c’est l’église qui l’intéressait et qu’il n’y aurait pas d’histoires de bals par ci, par là, on allait surtout visiter, donc pas besoin d’avoir beaucoup de bagages ! Donc je vois cette dame qui se démène, en train de chercher si quelqu’un peut l’aider à passer ses kilos, et bien sûr, je lui ai proposé d’enregistrer avec nous. A la descente de l’avion, je vois un grand monsieur qui s’avance vers cette dame, et j’ai compris que c’était son ami. Elle lui a sans doute raconté comment nous avions pu l’aider, il est alors revenu vers nous, nous a remerciés et demandé nos passeports pour accélérer les formalités car il était bien placé à l’aéroport. Il a ensuite voulu qu’on vienne habiter chez lui, or il n’en était pas question puisqu’on était attendus chez des amis. Mais comme ces amis étaient absents pour deux jours, nous avions pris un hôtel. Le lendemain, c’était la Pentecôte, donc ma première préoccupation était de trouver un endroit pour aller à la messe. Je me suis retrouvée dans la magnifique Cathédrale du Bon Souvenir, où il y avait 400 enfants qui faisaient leur confirmation. C’était magnifique !
Les chants ! De beaux chants !
A la fin de la messe, je m’adresse au chef de chœur et lui fait part de mon enthousiasme. Je lui propose même de venir animer un stage chez nous.
Ce fameux grand monsieur dont je parlais est tout simplement Bassirou GAYE, que tout le monde connaît. J’ai fait la connaissance de toute sa famille.
Voilà comment est né mon amour pour l’Afrique.
C’est d’avoir pu faire évoluer l’Ecole de Musique. Ça n’a pas dégringolé, ça avance ! On a travaillé avec deux, trois enseignants, maintenant nous sommes à près de dix enseignants et presque 300 élèves.
Dans votre vie personnelle ?
Je suis vraiment très fière de ma famille !
Avez-vous un rêve ?
Mon rêve, ce que j’ai toujours demandé au Bon Dieu, c’était de voir grandir mes enfants ! S’Il devait me prendre, que ce soit au moment où ils seraient tous indépendants et qu’ils n’aient pas besoin de belle-mère, et ça, Il me l’a donné. Ensuite, la deuxième grâce que je lui ai demandée, c’est qu’au moins un de mes enfants travaille, comme cela, je sais que si l’un d’eux travaille, les autres mangeront car je les ai éduqués de cette manière. « Un kilo de couac, vous allez le tremper pour permettre à tous de manger ! ». Aujourd’hui, tous travaillent, qu’est-ce que je peux désirer d’autre ?
Si vous deviez refaire quelque chose dans votre vie, qu’est-ce que ce serait ?
Il aurait fallu que je sois riche, et j’aurais donné une maison à chacun de mes enfants (rires). Le rêve de ma vie (Roger se moque toujours de moi), c’était faire un grande maison et avoir toute ma famille autour de moi ! Voila mon rêve, si franchement j’avais un rêve à formuler, mais il ne faut pas trop demander au Bon Dieu.
Quel serait votre message à la jeune génération ?
Je voudrais leur dire d’être plus solidaires, moins violents, et de se rapprocher davantage de l’église. Les jeunes savent qu’il y a un Bon Dieu, mais je crois qu’on a un peu trop tendance à se dire qu’on aura un peu plus de temps pour lui tout à l’heure (rires). Même chez moi ! Ils vont vous dire « je prie, je prie », mais prenez le temps de prier avec les autres un peu plus souvent, allez à l’église ensemble, priez ensemble, le bon dieu nous entendra un peu plus vite !