
De son lieu de villégiature en Gironde, Brigitte Wyngaarde suit avec attention les évènements qui secouent son village, plus habitué à des jours paisibles sur les bords du Maroni. “Je passé deux à trois heures par jour au téléphone avec mes conseillers sur place”, explique-t-elle, justement au téléphone. Alors forcément elle savait pour les élections organisées hier dans le village dont le but était d’élire un nouveau chef coutumier. “je dénie toute validité au vote réalise à Balaté, au motif qu’il a été réalisé au mépris total de la règle coutumière et des principes élémentaires de la démocratie”, avait écrit Brigitte Wyngaarde dans un communiqué envoyé aux rédactions. Les problèmes au sein de ce village coincé entre le Maroni et le grand bourg de Saint-Laurent sont apparus sur la place publique au lendemain des élections législatives. Et Sylvio Van der Pijl, élu hier chef coutumier par partie des habitants, a été l’un des principaux meneurs de la fronde anti-Wyngaarde. “Nous avons tenté de négocier avec elle, de discuter, afin de trouver des arrangements pour garantir le bien-être de chacun, confie-t-il. S’il y avait eu un terrain d’entente avec elle, c’était sûr que nous ne serions pas arrivés jusque-là”. Il estime qu’il faut mettre un terme aux huit ans de règne de Brigitte Wyngaarde. “Huit ans, ça suffit”, lâche-t-il.

De son côté, l’ancienne candidate aux régionales de 2004 confesse une certaine lassitude pour un poste qu’on est censé garder à vie. Et elle comprend que cette lassitude peut aussi toucher certains habitants. ”Dans tous les villages il y a des problèmes”, souligne-t-elle. Pourtant dès les premières “escarmouches”, le chef coutumier a proposé de remettre en jeu son mandat. Les élections étaient prévues pour le mois d’avril prochain. “ Je ne comprends pas cette précipitation à me destituer avant les prochaines élections”, questionne-t-elle. En effet, le conseil des sages a décidé le 20 juillet dernier de la relever de ses fonctions. Un conseil qui a été créé il y a tout juste quelques jours. “Il n’y a jamais eu de conseil de sages”, explique Wyngaarde toujours au téléphone. Elle indique avoir toujours travaillé avec le conseil coutumier. Pour Sylvio Van der Pijl, ce conseil des sages est composé des anciens “ qui ont été exclus de toute sorte de décisions” concernant le village. Il estime que la décision de destituer le chef coutumier leur revenait et que tout est fait de manière légale; Sauf que le nouveau chef coutumier a peu de chance d’être reconnu par l’État et Conseil Général. La collectivité, dans une récente lettre adressée aux deux parties, a fort bien expliqué que le nouveau chef coutumier doit être élu après la démission de celui qui est en place. Pourtant pour Sylvio Van der Pijl, il est “ tout à fait normal que Pierre Désert accepte le nouveau chef coutumier”.
“ Balaté toujours convoité”

Dans son communiqué, Brigitte Wyngaarde montre aussi du doigt la mairie de Saint-Laurent, évoquant de l’ingérence dans les affaires de Balaté “ dans le but de mettre en place un chef qui lui serait inféodé”. Elle poursuit au téléphone: “Balaté a toujours été convoitée par la collectivité”, expliquant que le matériel de vote de cette élection a été prêté par la mairie de Saint-Laurent tout comme l’école où s’est déroulé le vote. Un établissement qui ne se situe pas sur le territoire de Balaté, ajoute-t-elle regrette également que les “actions de subversions” aient créé une discorde profonde et durable au sein du village. Elles auraient provoqué une scission au sein du village et même dans les familles. “ Il y a eu beaucoup de mensonges, le système coutumier a été bafoué”, déplore le chef coutumier en place depuis huit ans. Et regrette également que les autres candidats n’aient pas eu le temps de s’exprimer. Mais peu importe, Sylvio Van der Pijl va désormais se présenter comme nouveau chef coutumier de Balaté. Et avant même la fin du scrutin qui n’a pas eu lieu à main levée comme par le passé, il se présentait déjà comme un chef coutumier “ouvert à la discussion”.