Le conflit qui oppose la mairie de Saint-Laurent du Maroni aux agriculteurs connaît une semaine essentielle. Hier, des professionnels ont rencontré la première adjointe Sophie Charles. Aujourd'hui, ils seront reçus à la sous-préfecture. Demain, ils défileront dans les rues. Pendant ce temps, le tribunal administratif étudie leur recours contre le Plan local d'urbanisme (PLU) de Saint-Laurent. La dispute prend racine dans ce nouveau PLU, approuvé le 19 mars en conseil municipal. Il définit les grandes orientations pour le développement urbain de la ville. En particulier, il classe les secteurs en zones : zones naturelles, agricoles, urbaines, à urbaniser...
Une ancienne adjointe au maire est à la pointe de la contestation : Diana Jojé-Pansa, qui est aussi agricultrice et conseillère régionale. Le maire Léon Bertrand lui a retiré ses délégations. Parmi les autres porte-parole des mécontents, l'éleveur et boucher du marché Jean-Luc Chauveau. Il reproche à la mairie d'avoir transformé des terres agricoles en zones naturelles.
« Les surfaces agricoles passent de 21 500 à 9 700 hectares. Cela représente 2% de la surface de Saint-Laurent du Maroni. Quand on compare aux 63 000 ha réservés aux mines et aux carrières, qu'est-ce qu'on veut faire manger à nos enfants ? Des cailloux ? » Les secteurs les plus touchées sont la route de Mana, la route de Saint-Jean et la route d'Apatou entre le plateau des Mines et Sparwine.
Une ancienne adjointe au maire est à la pointe de la contestation : Diana Jojé-Pansa, qui est aussi agricultrice et conseillère régionale. Le maire Léon Bertrand lui a retiré ses délégations. Parmi les autres porte-parole des mécontents, l'éleveur et boucher du marché Jean-Luc Chauveau. Il reproche à la mairie d'avoir transformé des terres agricoles en zones naturelles.
« Les surfaces agricoles passent de 21 500 à 9 700 hectares. Cela représente 2% de la surface de Saint-Laurent du Maroni. Quand on compare aux 63 000 ha réservés aux mines et aux carrières, qu'est-ce qu'on veut faire manger à nos enfants ? Des cailloux ? » Les secteurs les plus touchées sont la route de Mana, la route de Saint-Jean et la route d'Apatou entre le plateau des Mines et Sparwine.
« ÉVITER L'UTILISATION DE CERTAINS TERRAINS PAR DES SPÉCULATEURS IMMOBILIERS »
Fin septembre, le maire Léon Bertrand a invité les agriculteurs sur la place du Marché. Ils étaient une centaine. Il leur a promis de les revoir pour leur expliquer sa démarche. « Cette révision vise à redéfinir certaines zones et à mettre les agriculteurs dans les bonnes zones agricoles. Il s'agit d'éviter l'utilisation de certains terrains par des spéculateurs immobiliers. »
Les opposants crient, eux aussi, à la spéculation, de la part de la mairie. « La mairie n'a plus un rond, explique Jean-Luc Chauveau. Elle déclasse les terrains agricoles situés à moins de 200 mètres des routes. Les agriculteurs vont partir. Elle changera le zonage et elle pourra les revendre à la Siguy ou à la Semsamar (bailleurs sociaux, ndlr). »
Devant les juges du tribunal administratif, les agriculteurs soulèvent des points de droit. Ils accusent la mairie de ne pas avoir présenté les vrais plans pendant l'enquête publique. Et reprochent au nouveau zonage de ne pas respecter les grands principes du code de l'urbanisme et du code rural. Ils soulèvent aussi des problèmes sociaux : ceux dont les terrains ne sont plus classés en zone agricole ne pourront plus s'inscrire à la Mutualité sociale agricole (MSA), ni bénéficier des subventions pour s'équiper.
Les opposants crient, eux aussi, à la spéculation, de la part de la mairie. « La mairie n'a plus un rond, explique Jean-Luc Chauveau. Elle déclasse les terrains agricoles situés à moins de 200 mètres des routes. Les agriculteurs vont partir. Elle changera le zonage et elle pourra les revendre à la Siguy ou à la Semsamar (bailleurs sociaux, ndlr). »
Devant les juges du tribunal administratif, les agriculteurs soulèvent des points de droit. Ils accusent la mairie de ne pas avoir présenté les vrais plans pendant l'enquête publique. Et reprochent au nouveau zonage de ne pas respecter les grands principes du code de l'urbanisme et du code rural. Ils soulèvent aussi des problèmes sociaux : ceux dont les terrains ne sont plus classés en zone agricole ne pourront plus s'inscrire à la Mutualité sociale agricole (MSA), ni bénéficier des subventions pour s'équiper.
- Une marche mais pas de barrages demain
Outre les discussions avec les autorités, les agriculteurs opposés au plan local d'urbanisme ont envoyé cette semaine des courriers aux parlementaires, au sous-préfet, au président de Région et au président de la République. Demain, ils défileront dans les rues de Saint-Laurent. Le départ devrait être donné des Malgaches, à 5 heures. La rumeur a couru de barrages à l'entrée de la ville.
Ce que dément formellement Jean-Luc Chauveau : « Nous ne sommes pas là pour gêner les habitants, mais pour leur expliquer. » Une réunion était prévue hier soir, pour réfléchir à d'autres modes d'action.
Ce que dément formellement Jean-Luc Chauveau : « Nous ne sommes pas là pour gêner les habitants, mais pour leur expliquer. » Une réunion était prévue hier soir, pour réfléchir à d'autres modes d'action.
- Débats publics aujourd'hui et demain
Les agriculteurs et les élus de Saint-Laurent auront à nouveau l'occasion de faire valoir leurs arguments, aujourd'hui et demain. Le maire invite les administrés à participer à des réunions par secteur, pour discuter du nouveau Plan local d'urbanisme (PLU).
Aujourd'hui. Paul-Isnard (de 8 heures à 12 heures au PK 12), Plateau des mines (de 8 heures à 12 heures au PK 4, 8 à partir de Saint-Jean), Sparwine (de 15 heures à 18 heures au village Sparwine), secteur Apatou (de 15 heures à 18 heures au PK 17 à partir de Saint-Jean).
Demain. Partie nord (de 8 heures à 12 heures au PK 8 à l'abribus Bananier, et au PK 2, 4 à la zone Godeberg), RN1 (de 15 heures à 18 heures au carrefour Margot), Sainte-Anne (de 15 heures à 18 heures au village Prospérité).
Aujourd'hui. Paul-Isnard (de 8 heures à 12 heures au PK 12), Plateau des mines (de 8 heures à 12 heures au PK 4, 8 à partir de Saint-Jean), Sparwine (de 15 heures à 18 heures au village Sparwine), secteur Apatou (de 15 heures à 18 heures au PK 17 à partir de Saint-Jean).
Demain. Partie nord (de 8 heures à 12 heures au PK 8 à l'abribus Bananier, et au PK 2, 4 à la zone Godeberg), RN1 (de 15 heures à 18 heures au carrefour Margot), Sainte-Anne (de 15 heures à 18 heures au village Prospérité).
- Les faux agriculteurs visés
À Kourou comme à Saint-Laurent, les élus s'inquiètent des personnes qui construisent de luxueuses villas sur des terrains pas chers.
« Il ne faut pas que des gens qui ont acheté un ou deux chevaux puissent se déclarer agriculteurs et construire leur maison en zone agricole. » Cette mise en garde a été lancée mardi soir, par un urbaniste, aux conseillers municipaux de Kourou. Il pensait à la route du Dégrad Saramaca.
Sur cette route en cul-de-sac, entre montagne des Singes et fleuve, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, les élus reprochent à des habitants d'avoir acheté une parcelle agricole, planté deux citronniers et trois ananas, et construit une immense villa.
L'avantage, pour ces pseudo-fermiers qui ont souvent un autre métier ? Ils peuvent construire tous les bâtiments nécessaires à leur activité. En particulier leur maison. Or, un terrain agricole coûte souvent moins d'un euro le m2, quand il faut en débourser 150 à Rémire, 120 euros à Cayenne, 75 à Matoury et 50 à Macouria.
Autre avantage : les propriétaires rêvent qu'à l'occasion d'une révision du plan local d'urbanisme, ils puissent découper leur parcelle de plusieurs hectares et la revendre en petits terrains à construire. Donc beaucoup plus chers. La bonne affaire leur échappe parfois : il faut souvent déboiser le terrain, l'assécher, y amener les réseaux, sans garantie que le futur PLU sera plus favorable.
« Il ne faut pas que des gens qui ont acheté un ou deux chevaux puissent se déclarer agriculteurs et construire leur maison en zone agricole. » Cette mise en garde a été lancée mardi soir, par un urbaniste, aux conseillers municipaux de Kourou. Il pensait à la route du Dégrad Saramaca.
Sur cette route en cul-de-sac, entre montagne des Singes et fleuve, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, les élus reprochent à des habitants d'avoir acheté une parcelle agricole, planté deux citronniers et trois ananas, et construit une immense villa.
L'avantage, pour ces pseudo-fermiers qui ont souvent un autre métier ? Ils peuvent construire tous les bâtiments nécessaires à leur activité. En particulier leur maison. Or, un terrain agricole coûte souvent moins d'un euro le m2, quand il faut en débourser 150 à Rémire, 120 euros à Cayenne, 75 à Matoury et 50 à Macouria.
Autre avantage : les propriétaires rêvent qu'à l'occasion d'une révision du plan local d'urbanisme, ils puissent découper leur parcelle de plusieurs hectares et la revendre en petits terrains à construire. Donc beaucoup plus chers. La bonne affaire leur échappe parfois : il faut souvent déboiser le terrain, l'assécher, y amener les réseaux, sans garantie que le futur PLU sera plus favorable.
« SI ON COMPTE CEUX QUI SONT DÉCLARÉS AGRICULTEURS, ON DEVRAIT ÊTRE AUTOSUFFISANTS »
À Saint-Laurent, Léon Bertrand assure que le nouveau PLU a été conçu pour limiter ces abus. À Kourou mardi soir, Jean-Étienne Antoinette a précisé que les actuels propriétaires ne seront pas expulsés, mais qu'il deviendra plus difficile d'obtenir un permis de construire.
Christian Épailly, président de la Chambre d'agriculture, leur donne raison : « Si on compte tous ceux qui sont déclarés agriculteurs en Guyane, on devrait être autosuffisants. Vu les surfaces agricoles attribuées, on devrait même pouvoir exporter aux Antilles. Mais beaucoup de gens ont des terres agricoles, cinquante ou quatre-vingt hectares, et n'en font rien. »
Christian Épailly, président de la Chambre d'agriculture, leur donne raison : « Si on compte tous ceux qui sont déclarés agriculteurs en Guyane, on devrait être autosuffisants. Vu les surfaces agricoles attribuées, on devrait même pouvoir exporter aux Antilles. Mais beaucoup de gens ont des terres agricoles, cinquante ou quatre-vingt hectares, et n'en font rien. »