Je suis ADAM Abongo, né sur le fleuve Maroni, et je suis le gérant de Maroni Transport et Liaison. Je vis en concubinage, j’ai 7 enfants ; le premier est né en 1982 et le dernier en 1998. Je suis né à Gran Santi dans un village qui s’appelle ABITCHANDO et j’ai 42 ans.
J’ai peu de formation, je suis comptable de formation, c'est-à-dire que j’ai le CAP-BEP de Comptabilité, qu’on appelait comptabilité mécanographie à l’époque et j’ai quitté l’école en 1981. En 1982, j’ai été recruté par l’hôpital de Saint-Laurent ou j’étais responsable du service économique et financier où j’ai passé 5 ans, après j’ai demandé ma mutation à Cayenne et au bout de 2 ans je suis revenu à Saint-Laurent pour travailler dans une quincaillerie (Gauthier)
Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ?
Mon activité professionnelle part du transport, c’est mon activité principale : le transport fluvial. L’entreprise a été créée en 1989 et mise en activité en janvier 1990.
Comment vous êtes-vous orienté vers l’entreprise privée ?
On a eu l’idée de la créer par rapport à mon cousin qui d’ailleurs est décédé, je lui rends hommage
Cette activité, de 1990 à aujourd’hui, je peux dire que ça a beaucoup grandi mais on subit énormément de concurrence que je dirais un peu déloyale, parce qu’il n’y a pas les services de l’Etat ou l’administration pour contrôler le marché public des opérations réalisées sur le Maroni
Avez-vous des projets professionnels ?
Des projets, surtout en Guyane française, je n’en ai plus. Là, il faut essayer de cadrer, il faut essayer de maîtriser l’existant et après, on verra mais pour des projets. Je n’en ai plus !
Vous avez été, à une période, un personnage assez en vue dans le monde associatif, quels étaient et quels sont peut-être encore vos motivations ?
Au niveau associatif, lorsque j’étais dans la fonction publique, oui effectivement, j’avais beaucoup plus de projets, beaucoup de motivation, beaucoup d’ambition. Aujourd’hui, c’est vrai que je n’ai plus le temps parce qu’il faut savoir que j’ai quand même la société de transport fluvial et j’ai également deux sociétés aurifères qui m’obligent à faire des déplacements assez réguliers. De ce fait, j’ai un peu abandonné le monde associatif, mais on a créé « SOS Noirs Marrons », une association sportive. Aujourd’hui, ma seule participation dans le monde associatif, c’est l’équipe de Grand-Santi dont je suis trésorier.
Le Rotary Club, un peu également parce que c’est un réseau qui permet de connaître le monde entier, qui te lie avec le monde entier, donc c’est très important, ça dépend de ta situation géographique.On peut avoir d’une année à l’autre, un club service intéressant et selon les membres cela peut devenir plus ou moins intéressant.
C’est tout simplement parce que lorsqu’on est appelé à suivre personnellement ses affaires, et bien effectivement, il ne reste plus beaucoup de temps pour participer aux cérémonies traditionnelles, pour être dans les rues ou participer aux différentes activités ou manifestations organisées par le monde associatif, je pense que c’est la seule raison.
Si vous faîtes le bilan de votre vie, jusqu’ici bien remplie, avez-vous des regrets ?
Des regrets oui et non. Je peux dire oui, un peu, parce que c’est vrai qu’avec une société où le personnel est totalement du fleuve et qu’il ne connaît pas la réglementation, la législation sur le travail, il est difficile de jouer le rôle du gendarme, à surveiller chacun. Je le regrette un peu parce qu’on aurait pu mieux faire
Tout ce que j’aurais souhaité pour la société guyanaise, c’est qu’il y ait une plus forte solidarité, un plus grand respect de chacun et également qu’on s’implique d’avantage dans les affaires, que ce soit dans le domaine politique, économique ou culturel. Je trouve qu’aujourd’hui il y a une division qui ne profite qu’à une petite partie, minime, et ça ne peut pas développer la Guyane.