Comment as-tu décidé de faire ta vie à Saint-Laurent ?
Mon histoire sur Saint-Laurent a commencé en 1982 quand je montais tout les week-end pour m’amuser et en 1983 j’ai été appelé sous les drapeaux, j’ai donc été affecté à Saint-Jean du Maroni et à la fin de mon service j’ai été accueilli par un ami avec qui, après plusieurs mois, j’ai eu quelques difficultés au niveau de la communication. Par la suite j’ai rencontré un ami, un jeune de Saint-Laurent, qui m’a accueilli dans sa famille avec laquelle j’ai fait pas mal de temps et j’ai adopté la mère de mon ami comme une deuxième mère. J’ai fait plusieurs petits métiers et j’ai eu l’opportunité de passer le concours de sapeur pompier professionnel. Je me plaisais bien à Saint-Laurent, j’avais de bons amis, j’aimais la vie de Saint-Laurent, l’accueil et je me suis aperçu que j’avais beaucoup de chance au niveau de l’emploi, je pouvais en quitter un pour en retrouver un autre, je me suis dis que ma chance était ici. Et il faut le dire, Saint-Laurent est assez spécial, c’est différent des autres communes, on s’y fait surtout quand on a bien compris comment s’intégrer.
Je ne dirais pas que ça m’a fait quelque chose, il y a un proverbe qui dit : « Loin des yeux, loin du cœur ». C’est que j’ai pris la décision de fonder une famille sur Saint-Laurent, j’ai trouvé que je pouvais faire ma vie ici et j’ai eu la chance de trouver des activités professionnelles rapidement. De plus, j’ai été accueilli par une famille qui a su me faire plaisir, je crois que c’est la meilleure des choses. Quand on voit qu’on n’a pas de chance quelque part et qu’on la trouve ailleurs, il faut en profiter.
Peux-tu nous relater ton parcours entant que sapeur pompier professionnel ?
Mon parcours professionnel a commencé en 1987 : j’ai été engagé en tant que sapeur pompier volontaire au centre de secours de Saint-Laurent, jusqu’au grade d’Adjudant. Par la suite, il y a eu un arrêté de 1996 qui demandait à ce que tous les sapeurs pompiers permanents, c'est-à-dire embauchés par les collectivités territoriales, soient intégrés au statut de sapeur pompier professionnel. J’ai dû passer le concours qui m’a ramené au grade de deuxième classe, ce qui m’a permis de passer pas mal de spécialités comme moniteur de premiers secours, formateur du personnel niveau 1 et 2. Aujourd’hui, je suis responsable pédagogique, en spécialité de Groupement de Reconnaissance en Milieu Périlleux, ce qui m’amène aujourd’hui au grade de Caporal de sapeur pompier professionnel.
Non, au départ mon métier principal c’était plus la mécanique et tôlier peintre, ma formation de base. Suite à une demande faite par un ami qui, lui, était sapeur pompier, j’ai donc saisi l’opportunité qui m’a permis d’intégrer le centre de secours. Porter secours aux personnes, avec ses diverses activités ce métier m’a plu, je pourrais dire que je me suis marié avec.
Parle-nous de tes activités associatives
Je suis Vice président de l’Association Reste du Monde, dans laquelle j’ai la responsabilité d’une section folklorique. Je suis aussi trésorier de l’association amicale des Sapeurs pompiers de Saint-Laurent.
Le folklore guyanais est une tradition qui te tient à cœur, d’où te vient cet attachement?
Cette passion a commencé à l’age de 17 ans, avec un ami de longue date, Jean-Yves ALEXANDER. On s’était fixé le challenge de sortir avec deux filles qui faisaient partie du groupe Dhallia qu’on a donc intégré. A partir de là, notre objectif a changé : on faisait de manière à faire toutes les danses, parce que lorsque le groupe évoluait sur Cayenne ou ailleurs, on choisissait les meilleurs danseurs ; entre nous, on faisait le concours du meilleur « nika », et depuis est née ma passion pour le folklore.
C’est assez difficile…Au départ, j’ai eu beaucoup de mal à savoir qu’au niveau de la tradition, la population de Saint-Laurent avait une dominante de tradition antillaise, ce qui est tout à fait normal. A une certaine époque, existait le groupe les Jasmins, dirigé par Madame Cécile LEO que je salue, avec qui je travaille à certaines occasions et qui pratiquait le folklore guyanais et antillais, mais à dominante antillaise. Il faut savoir que depuis la création de l’association folklorique du Reste du Monde, nous avons beaucoup d’enfants qui, une fois à l’adolescence, sont plus influencés par les rythmes modernes comme le ragga, le reggae, etc, ce que je trouve dommage parce que nous perdons notre culture, notre patrimoine. Personnellement, la quantité d’un homme, c’est ça culture et son enfance, il y a tout un panel de choses qui se rassemblent.
As-tu d’autres loisirs ?
Je dirais que ma profession est déjà une passion, mais en dehors de tout ça, avec l’ère de la nouvelle technologie, à mes heures perdues je passe mon temps sur l’ordinateur, sur internet.
Je me pose pas mal de questions, surtout sur la nouvelle génération. Déjà, c’est quoi l’avenir? Parce que j’ai l’impression qu’elle ne se prend pas en main et qu’elle attend beaucoup sur les collectivités alors que je crois qu’à l’heure d’aujourd’hui, il faut se prendre en main, il faut créer pour y arriver, c’est l’une des questions que je me pose.
As-tu un message à faire passer ?
J’ai beaucoup de messages à faire passer, pour ma famille, pour mes amis, mais je choisis l’option pour la société guyanaise : ce que j’aurais vraiment souhaité, vu la richesse de notre pluriethnicité, c’est d’abattre les barrières de la discrimination, de la non communication, essayer de s’entendre afin de faire évoluer notre commune.