Quelle est ton activité professionnelle ?
Depuis 1993, je suis transporteur de marchandises entre Saint-Laurent et Cayenne, je livre les magasins et j’assure des déménagements
Depuis quelle année vis-tu en Guyane ?
Je suis en Guyane depuis le 8 octobre 1976.
Lorsque je suis sorti d’Haïti ma première destination a été la Martinique en juin 1976, mais je n’aimais pas trop les conditions dans lesquelles je vivais et comme j’avais un frère déjà Guyane, je suis venu le rejoindre.
Haïti, comme tout le monde le sait a beaucoup de difficultés politiques ; les jeunes n’avaient droit à la parole, j’ai eu un dégoût du pays et c’est pour cela que je suis parti. Je me suis dis que j’irais chercher ma vie autre part mais dans l’idée de revenir, et lorsque je suis arrivé en Guyane, j’ai fait venir ma femme, j’ai eu mes enfants qui sont tous nés à St-Laurent, sauf le plus grand, et depuis je n’ai pas bougé. Je me suis rendu compte que si je repartais ailleurs, j’aurais eu à tout recommencer, même en Haïti, je ne connais plus personne de ma génération et je me sentirais comme un étranger.
Comment as-tu vécu ton départ d’Haïti ?
Quitter Haïti était une obligation pour moi.
Comment s’est passée ton adaptation à la vie guyanaise?
Lorsque je suis arrivé, j’étais à Cayenne où j’ai fait un an et c’est un ami qui m’a conseillé de rentrer à Saint-Laurent, vu qu’il était seul, et depuis je n’ai pas bougé. Je me considère comme un saint-laurentain maintenant.
En fait, il n’y avait rien de difficile pour moi, je faisais de petits boulots un peu partout, je me suis senti chez moi, je suis arrivé quelque part où j’ai trouvé des gens avec qui parler le créole comme si j’étais en Haïti, mais je me suis senti plus à l’aise que si j’étais resté là-bas.
Qu’est-ce qui te manque le plus de ton pays ?
Oh, beaucoup de choses mais il y en a beaucoup trop qui ne vont pas dans le pays, surtout le fait qu’il n’y ait pas de travail.
Gardes-tu des liens avec Haïti ? Y vas-tu régulièrement ?
Oui, j’ai des parents là-bas avec qui je suis souvent en contact et quand je peux, je vais les voir.
Personnellement, je crois que ce sera difficile de tout stabiliser, je ne comprends pas les Haïtiens, là-bas, la vie politique est vraiment difficile.
A propos de la communauté haïtienne à St-Laurent, peux-tu dire qu’elle est solidaire ?
Dans certains points oui mais dans d’autres ils se déchirent entre eux.
Entre Haïtiens, c’est lorsqu’il y a certains problèmes qu’on est solidaire mais je pense qu’en réalité, un Haïtien n’aime pas voir un autre réussir, mais ça c’est le défaut du nègre.
Aurais-tu un message à adresser à tous les st-laurentains ?
Essayons de vivre ensemble parce que nous sommes arrivés dans un pays où la vie est un peu difficile et que chacun comprenne l’autre, qu’il soit Guyanais ou Haïtien et évite les affrontements. Il est arrivé qu’un Haïtien se soit considéré plus guyanais qu’un autre, ce qui a provoqué des conflits. Cela ne me plait pas et quand je me trouve au milieu, j’essaye de calmer les choses