Je suis né il y a 42 ans, le 28 mars 1962 à Cayenne d'un père Guyanais et d'une mère Sainte-Lucienne. J'aime bien cuisiner et je suis un passionné d’informatique à mes heures perdues.
J’ai touché à plusieurs sports : d’abord le basket, et je me suis dirigé ensuite vers l’haikido. J’ai commencé l’athlétisme en 1972, à l’Olympique de Cayenne. J’ai fait un peu de football mais je n’ai pas continué parce que j’avais peur de me blesser et je suis donc resté dans l’athlétisme jusqu’à maintenant.
En 1977, pour ma première participation aux championnats d’académie, j’ai été champion académique. C’était l’époque des Frontellio, des Guye et il y avait aussi mon frère Richard qui a aussi été champion de Guyane et a détenu le record académique de France. On peut dire qu’on a été les précurseurs de l’athlétisme en Guyane. Quand nous allions aux Antilles où ils ont eu des pistes synthétiques plus de 10 avant nous, nous étions un peu en retrait et avions des difficultés sur le plan technique. C’est en 1982, devant notre projet d’aller faire une quête sur la voie publique pour obtenir une piste, que le Conseil municipal a décidé de doter Cayenne d’une piste synthétique à Baduel.
J’ai eu une enfance comme les autres enfants, je crois. Nous jouions au football avec les copains dans la rue, j’habitais près du docteur Ho-A-Chuck. C'était une enfance vraiment agréable que je n’oublie pas. Au niveau de ma scolarité, j’ai dû arrêter en première et je n’ai pas passé le bac. Je suis allé directement au service militaire à St-Jean du Maroni en 1981. Je suis retourné ensuite vers le sport et j’ai passé mes diplômes sportifs à Cayenne d’abord, puis au CREPS aux Antilles.
En 1986, la ville de St-Laurent recherchait un éducateur sportif et j’ai pris mes fonctions le 13 janvier 1986. On a alors monté le premier club d’athlétisme avec monsieur Sainte-Luce Bérange, qui était à l’époque le Directeur de l’OMS, et dès les premières années, on a eu des champions : Christiane Joinville , Robert Rino, David Joseph, on avait vraiment une bonne équipe puisque certains ont été vice-champions de France sur 100m cadet.
J’ai été champion de Guyane à plusieurs reprises sur 100m cadet, 100m junior, puis 400m. J’ai eu plusieurs sélections en équipe de Guyane et ai participé à plusieurs meetings. J’ai terminé cinquième en finale du championnat de France à St-Etienne en 1977, et c’était vraiment inoubliable puisque c’est dans cette finale qu’il y a eu le record de France, qui tient toujours.
Quel est ton plus beau souvenir sportif ?
C’est le jour où on a battu le record de Guyane au 4 fois 100m, en 1983 aux Jeux de la Guadeloupe. On a rencontré des athlètes de très haut niveau, il y avait même Ben Johnson qui courait.
Pourquoi n’avoir pas fait une carrière nationale ?
C’est parce qu’à l’époque, on n’avait pas les moyens qu’ont les jeunes actuellement, puisque comme je l’ai dit on n'avait pas de piste synthétique. Comme à l’époque, les communes cherchaient des éducateurs sportifs, je me suis dirigé vers l’encadrement pour apporter ma contribution au sport guyanais, puisqu’il y avait un besoin de cadres.
Je suis actuellement Directeur du Service des sports de la commune de St-Laurent. Mon travail consiste à avoir une gestion de tous les équipements sportifs de la ville, à apporter des améliorations et proposer de futurs équipements.
Que penses-tu des chances d’un athlète saint-laurentain d’arriver au sommet ?
Je vais être franc, parce que c’était une petite guerre à un moment avec certains entraîneurs de Cayenne qui pensaient que lorsqu’un athlète restait ici, il pouvait arriver très loin. Moi, je dis que non. En fait, on découvre l’athlète mais il y a un moment où il faut le laisser partir. Par exemple, si Malia Metella n’était pas partie, elle n’aurait pas pu faire cette performance, et je pense que Katia Benth aurait pu connaître la consécration de participer aux Jeux Olympiques si elle n’avait pas choisi de rester en Guyane.
Pour pouvoir développer cette discipline qui est quand même difficile, il faut qu’il y ait des cadres motivés, parce qu’actuellement, ce sont des bénévoles qui se chargent de l’encadrement. On a besoin d’enseignants, de cadres locaux, des gens qui sont nés ici et qui attirent les jeunes vers des disciplines qu’ils aiment eux-mêmes et qu’ils prennent plaisir à enseigner, un peu comme aux Antilles.
Tout à fait, puisque au départ, j’ai des origines saint-laurentaines. Mon grand-père était de Cayenne, mais tous ses enfants sont nés ici. Je suis marié à une st-laurentaine, j’ai des enfants qui sont nés à St-Laurent, je peux dire que je suis vraiment st-laurentain !
Je pense laisser la place dans 5 ans, parce que cela fait 25 ans que je suis dans le milieu et je commence à être épuisé d’être sur la route pendant les neuf mois que dure le saison pour amener les athlètes en compétition. Mon souhait est qu’il y ait une relève pour prendre la suite, que des gens comme Gaetan Desmangles, qui a fait un très bon parcours sportif et Eugénie Elisabeth qui vient d’arriver au Service des sports, prennent la relève auprès des jeunes. Je souhaite aussi que les jeunes disposent de tous les équipements pour pratiquer leur sport favori.
Si tu pouvais changer quelque chose dans notre quotidien à St-Laurent, qu’est-ce que ce serait ?
J’aimerais que les gens fassent à nouveau preuve de chauvinisme à St-Laurent. On ne sent plus les gens quand il y a des rencontres sportives, ils ne viennent plus voir les matches, on ne sent plus ce chauvinisme qu’avaient les st-laurentains auparavant et qui amenait leur sport à un plus haut niveau. Que les gens cessent de critiquer et de regarder de très loin et qu’ils viennent plutôt amener quelque chose à la commune, apporter leur pierre à l’édifice.