Je suis née à Saint-Laurent du Maroni, j’ai une quarantaine d’années et j’ai un enfant.
Quelle est ta profession ?
Je suis sapeur-pompier professionnel.
Es-tu devenue sapeur pompier par vocation ou par hasard ?
Non, ce n’est ni par vocation ni vraiment par hasard. Depuis toute petite, je voulais exercer un métier d’homme. Je me voyais aussi bien être dans la gendarmerie, la police ou l’armée. Toujours entourée de garçons, nous jouions aux « gendarmes et aux voleurs » et d’autres jeux de ce genre.
Raconte-nous ton parcours professionnel.
Lorsque que j’ai su que l’on demandait des pompiers volontaires, en 1985, j’ai tout de suite fait une demande qui a été refusée. Je me suis renseignée auprès du chef de l’époque qui m’a confirmé que les femmes avaient bien leur place au sein des sapeurs pompiers, et à l’aide des textes en vigueur j’ai refait ma demande et j’ai également demandé une audience au Maire, pour le persuader que je voulais vraiment faire ce métier.
En 1986, j’ai eu mon arrêté pour être sapeur pompier volontaire, puis en suivant différentes formations j’ai eu le grade de Caporal, puis quelques années après j’ai été nommée Chef de garde. Je suis ensuite devenue sapeur pompier professionnel et me voilà Sergent chef.
Pour moi, ç’a été un plus car je voulais prouver qu’une femme était capable de faire ce métier. Il a fallu que je fasse toujours plus, me former, me pousser à l’extrême. Je voulais prouver aux hommes de la caserne que j’avais ma place.
Quelle a été l’attitude des hommes à ton égard ?
C’est sûr que ce n’est pas facile d’évoluer dans un milieu exclusivement masculin.
Au début, il n’y avait pas trop de problèmes, ils m’expliquaient les ficelles du métier, mais lorsqu’ils se rendent compte que vous arrivez à leur niveau, on sent des réticences.
Alors, il faut toujours prouver que l’on a sa place dans ce milieu.
T’es-tu parfois sentie découragée au point de penser à abandonner ?
Abandonner? Non! Je suis quelqu’un d’un tempérament assez fort et surtout pas après tous ces efforts. Car, il faut savoir que je possède tous les permis, surtout le super poids lourd, le permis bateau, et je suis également responsable pédagogique, niveau 2. En tant que Chef de garde, j’ai quand même dix hommes sous ma responsabilité.
Je suis responsable des JSP (jeunes sapeurs pompiers) et la formation se passe tous les mercredis de 15 heures à 18 heures.
J’aime le contact humain, le fait de se donner et de se mettre à la disposition des autres, c’est ce que j’aime .J’oublie mes propres soucis lorsque je vais en intervention car je me dis qu’ils sont minimes.
Qu’est-ce que tu aimes le moins?
Pas grand chose. Même si c’est un métier qui est dur, on se met tout le temps en condition moralement..
Le métier a-t-il évolué entre tes débuts et aujourd’hui ?
Oui, au début nous étions livrés à nous mêmes. Les formations n’étaient pas cadrées, ni l’avancement. Maintenant, tout est mieux règlementé. Il y a un suivi professionnel et même au niveau de la santé...
As-tu des projets professionnels ?
Ah ! Oui ! Je veux progresser dans mon métier pour de venir Major et pourquoi pas plus encore, mais tout cela dépend de notre niveau scolaire, je pense qu'avec un peu de formation on peut y arriver! Mon rêve un jour serait de devenir Chef de centre, même dans une toute petite commune, pourquoi pas ? J’aimerais aussi, lorsque je ne serai plus en activité, m’occuper des jeunes, leur transmettre tout mon savoir.
En dehors de ton métier, quels sont tes passe-temps ?
Comme dans notre métier, nous devons rester en condition physique, je fais également du fitness, du footing. Faisant partie de l’amicale, je prends le temps, en dehors de mes heures de boulot, d’encadrer des jeunes. Mais, j’aime également le cinéma, la lecture et surtout la musique pour me détendre.
En tant que femme sapeur pompier, quel message voudrais-tu faire passer ?
Je voudrais dire aux jeunes que c’est un beau métier et en tant que femme sapeur pompier, dire que toutes les femmes qui veulent exercer un métier d’homme peuvent le faire. Elles ne doivent pas avoir peur, et peuvent prouver aux hommes qu’elles sont capables et que nous avons notre place parmi eux.
En cette période de fin d’année, voudrais-tu présenter des vœux ?
Une Bonne Année à tout le monde, à ma famille et surtout à mon fils.
Que vous soyiez prudents et vigilants !