Je m’appelle Paul HO KON TIAT, j’ai 37 ans et je suis éducateur sportif au Conseil Général. Je suis père de 2 enfants et je vis maritalement.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ta fonction au sein du CAIT ?
Je suis un éducateur mis à la disposition des associations sportives. Les associations qui ont besoin d’un intervenant extérieur font une demande au Conseil Général afin que j’intervienne, soit pendant les heures d’entraînement, soit dans le cadre des activités périscolaires, ou encore au sein même du club.
Quel a été ton cursus ?
Ancien sportif, j’ai tout de suite suivi la filière du Brevet d’Etat, avec option basket.
J’ai aussi suivi des formations en football, en athlétisme et en tennis de table.
Pour le sport collectif, j’ai été champion de Guyane de basket en cadet, junior et senior avec l’équipe du Sport Guayanais. J’ai également fait partie des sélections de Guyane juniors et seniors.
En tennis de table, j’ai été champion de Guyane espoir pendant 2 ans et champion de Guyane et Antilles-Guyane par équipe avec le CPC (Cercle Pongiste de Cayenne). En fait, toute ma carrière sportive s’est déroulée sur Cayenne.
Parle-nous de tes fonctions au sein du COSMA ?
Je suis éducateur sportif, intervenant au Cosma. Actuellement je suis directeur technique de la section basket. Donc, ma fonction consiste à organiser toute la partie sportive du club et à mettre en place le projet sportif. Je suis également responsable de la formation des cadres au sein du club.
J’ai été vice-président du Cosma, mais occupant d’autres fonctions qui ne sont pas compatibles, j’ai dû démissionner.
Je mets en place la politique sportive de la municipalité. Je suis au sein de la majorité, je fais en sorte de gérer au mieux la politique sportive de la commune de St-Laurent, en mettant à disposition des infrastructures ou en mettant en place des investissements pour en acquérir de nouvelles. J’entretiens également des relations étroites avec le club omnisport Cosma qui est l’interlocuteur principal de la municipalité en matière de sport dans la commune.
Etant donc très présent sur le terrain, peux-tu établir pour nous la situation actuelle du sport dans la commune ?
La commune a vraiment un potentiel. Mais, il est vrai qu’à St-Laurent, le sport manque d’encadrement.
Le Cosma a revu sa politique sportive et essaie de structurer l’ensemble des sections.
Je pense qu’avec l’arrivée de nouvelles infrastructures, la commune va prendre un nouvel essor dans le domaine sportif.
La grosse faiblesse, c’est l’éloignement. Mais, ça ne nous empêche pas d’avoir des titres ! On a eu quand même quelques titres de Champions de Guyane et de France, notamment en tir. Il n’y a pas de soucis à ce niveau, on a du sport de qualité à St-Laurent !
Je pense qu’il faut aussi développer les sections sportives au sein des différents collèges, on en a 4 ici. C’est en bonne voie car la DDJS nous soutient sur ce projet.
Je pense que d’ici 1 an ou 2, on aura un bon cru à St-Laurent.
Quelque soit le championnat ou la discipline, l’ensemble des compétitions se déroulent sur Cayenne. St-Laurent rencontre l’ensemble des clubs de Guyane contrairement aux équipes du chef-lieu qui ne font qu’un déplacement pour venir chez nous.
Vous imaginez un peu le nombre de déplacements qu’ils ont dans une saison !
Tu reviens d’un séjour en Martinique, dans quel cadre as-tu effectué ce déplacement ?
Dans le cadre de mes fonctions au Conseil Général, la ligue de basket a signé une convention de mise à disposition pour le développement du basket dans l’Ouest.
Et, j’interviens dans le cadre de l’équipe technique régionale en tant que sélectionneur.
Je coachais la sélection de Guyane minimes garçons. Nous avons remporté à la fois chez les minimes filles et chez les minimes garçons, le championnat Antilles-Guyane.
Bilan donc positif : on gagne dans les 2 catégories. Le meilleur joueur minime, né
en 90, c’est un guyanais, et chez les filles, c’est aussi une guyanaise.
Tu sembles faire preuve d’un grand dévouement pour la cause du sport dans le département ?
Pendant 10 ans, j’ai eu des entraîneurs. Ils se sont occupés de moi, m’ont permis de pratiquer et de voyager grâce au sport. Je crois que j’ai cette fibre-la, j’ai envie de donner de mon temps, de faire vivre ma passion à d’autres jeunes.
De plus, encadrer les jeunes, c’est mon métier.
Maintenant, j’ai un engagement « politique » pour la vie sportive de ma commune et je suis amené à défendre les intérêts du sport. Mon dévouement, c’est un peu une suite logique de ma vie sportive.
Bien sûr, comme dans tous les domaines, il y a des hauts et des bas !
Mais, quand on s’occupe de jeunes, c’est assez gratifiant, il y a toujours l’insouciance de la jeunesse.
Par exemple, quand vous entraînez des seniors et des gamins, le taux d’assiduité est beaucoup plus important chez les jeunes que chez les adultes, qui ont d’autres préoccupations. C’est un peu ce qui m’encourage à continuer, et je le redis encore, il y a un gros potentiel à St-Laurent.
Ma plus grosse déception, c’est de n’avoir pas pu porter les couleurs d’un club de St-Laurent, que ce soit en basket ou en tennis de table.
Si tu devais faire un bilan de toute ta vie sportive, quel serait ton plus beau souvenir ?
Les Jeux Caraïbes à Curaçao, c’était en 1988 ou 1989, je ne m’en souviens plus.
C’est un tournoi de ping-pong qui regroupe l’ensemble des pays de la Caraïbes. C’est un événement ! J’en garde un très bon souvenir. On rencontre des équipes qui vont aux jeux olympiques, comme Cuba, la Jamaïque, le Mexique.
Il y a aussi ma rencontre avec Jean-Philippe GATIEN, champion du monde de tennis de table. C’était lors de la tournée de l’équipe de France, j’ai eu l’honneur de faire un match contre lui à Sinnamary.
Je suis beaucoup moins actif qu’à mes débuts. Dans mon club de basket, on a évolué au niveau des cadres. J’ai formé des cadres. Nous sommes deux BE1 sur la commune et je poursuis toujours la formation pour d’autres.
Je pense qu’il faut à un certain moment passer le relais à des jeunes.
Je prends un peu de recul, ce qui me permet d’avoir plus de temps pour ma famille.
Quel souhait voudrais-tu formuler pour le sport à St-Laurent ?
Que les jeunes aient confiance en eux et qu’ils comprennent que les titres de champions de Guyane et de France sont à notre portée. Maintenant, c’est à nous de faire l’effort nécessaire. Je sais que c’est dur, on est loin des grosses infrastructures, mais je crois que l’on a le potentiel.
Si je suis sorti de ma commune et que j’ai pu être Champion de Guyane, beaucoup peuvent le faire aussi.
Encouragerais-tu un jeune à suivre ton exemple ? Quels seraient tes conseils et quels seraient les écueils qu’il devrait éviter ?
On aura de plus en plus besoin d’encadrement, que ce soit dans les structures associatives, sociales ou les clubs sportifs. Le bénévolat disparaît et il nous faut des cadres formés.
Le Brevet d’Etat est une voie pour un jeune qui malheureusement n’a pas pu suivre un cursus scolaire assez long. Je rappelle que le BE1 est le niveau baccalauréat et le BE2, le niveau licence (en équivalence). La DDJS offre encore plus de diplômes pour que tous y aient accès. Cela demande des efforts, mais dans tous les cas, c’est une voie à prendre.